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États-Unis : quatre questions sur le «Dôme d'or», le bouclier antimissile annoncé par Trump

Gauthier Delomez avec AFP - Mis à jour le . 4 min
États-Unis : quatre questions sur le «Dôme d'or», le bouclier antimissile annoncé par Trump
États-Unis : quatre questions sur le «Dôme d'or», le bouclier antimissile annoncé par Trump © Jim WATSON / AFP

À l'instar du "Dôme de fer" d'Israël, Donald Trump a annoncé mardi soir la construction d'un vaste bouclier antimissile au-dessus des États-Unis, baptisé "Dôme d'or". En quoi cela consiste-t-il concrètement, pour quel coût, et pourquoi ce projet suscite-t-il des inquiétudes internationales ? Europe 1 fait le point.

Un "Dôme d'or" : voici le nouveau projet ambitieux de Donald Trump. Le président américain a annoncé mardi soir la construction d'un bouclier antimissile répondant à ce nom, inspiré du "Dôme de fer" israélien. "J'ai le plaisir d'annoncer que nous avons officiellement sélectionné une architecture pour ce système dernier cri", a déclaré le locataire de la Maison Blanche, précisant que le Canada rejoindrait cette initiative.

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États-Unis : quatre questions sur le «Dôme d'or», le bouclier antimissile annoncé par Trump
Donald Trump a présenté le "Dôme d'or" mardi soir à la Maison Blanche. © Jim WATSON / AFP

De quoi s'agit-il concrètement ?

Ce système de défense, appelé "Golden Dome" en version originale, doit permettre aux États-Unis de détruire n'importe quel projectile qui viserait son territoire. "Une fois achevé, le Dôme d'or sera capable d'intercepter des missiles même s'ils sont lancés de l'autre côté de la Terre et même s'ils sont lancés depuis l'espace", a précisé Donald Trump, qui souligne un projet "très important pour la réussite et même la survie de notre pays". L'armée américaine avait fait état en 2022 de menaces croissantes de la Russie et de la Chine, en parallèle de la guerre en Ukraine.

Cette annonce n'est pas arrivée du jour au lendemain : la construction d'un bouclier antimissile avait été évoquée lors de la campagne présidentielle du républicain. Et à peine investi à la Maison Blanche, le milliardaire avait demandé au Pentagone fin janvier d'élaborer des plans pour construire un tel bouclier, baptisé alors le "Dôme de fer pour l'Amérique".

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Il avait signé un décret appelant au développement d'un "bouclier antimissile de nouvelle génération" pour contrer "les missiles balistiques, hypersoniques et de croisière, ainsi que d'autres attaques aériennes avancées". Cela incluait le développement et le déploiement d'intercepteurs basés dans l'espace ainsi que des capacités de mise en échec précoce des attaques de missiles.

Donald Trump avait donné 60 jours au chef du Pentagone pour présenter des plans de défense contre les attaques aériennes d'adversaires. Un plan vient donc d'être validé par le président américain, et la mise en service est prévue d'ici la fin de son mandat.

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Ce projet peut-il vraiment voir le jour ?

Ces dernières années, les États-Unis ont acquis une expérience précieuse en matière de défense contre les missiles et les drones, qui pourrait leur servir dans le cadre de ce Dôme d'or. En Ukraine, les systèmes américains ont été utilisés pour contrer les missiles russes, tandis que les avions et les navires de guerre ont aidé à défendre Israël contre les attaques iraniennes l'année dernière et ont abattu à plusieurs reprises des missiles et des drones lancés sur des navires par les rebelles houthis du Yémen, soutenus par Téhéran.

Les experts soulignent néanmoins que ces systèmes sont conçus à l'origine pour répondre à des attaques menées à courte ou moyenne distance, et non pas pour intercepter des missiles à portée intercontinentale susceptibles de frapper le pays.

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De plus, selon le directeur de recherche au programme de politique étrangère à l’Institution Brookings, Michael O'Hanlon, interrogé par The Independent, la mise en place d'un grand réseau d'intercepteurs se révélerait "inefficace". Il pourrait inciter un pays étranger à renforcer son arsenal militaire, entraînant ainsi le monde entier à une course à l'armement. Les États-Unis pourraient dès lors être "moins sûrs et certainement plus appauvris", selon lui.

Quel est le coût d'un tel système de défense ?

Ce projet très ambitieux a bien évidemment un coût faramineux : il est estimé à "environ 175 milliards de dollars une fois terminé", selon Donald Trump. Un coût total élevé, qui se trouve toutefois dans la fourchette basse d'une estimation d'une agence du Congrès américain sans affiliation partisane. Pour elle, le coût d'un système d'interception basé dans l'espace pour contrer un nombre limité de missiles balistiques intercontinentaux est d'entre 161 milliards et 542 milliards de dollars sur 20 ans.

Au Congrès, les républicains ont récemment proposé d'allouer 25 milliards de dollars du budget 2025 à ce projet, en soulignant que sa construction pourrait démarrer sous peu.

Pourquoi ce projet suscite-t-il des inquiétudes internationales ?

Chine et Russie ont rapidement réagi à l'annonce du président des États-Unis, partageant leurs inquiétudes. Pékin a dénoncé mercredi un projet "marqué par une forte dimension offensive" et qui "risque d'accélérer la militarisation de l'espace ainsi que d'alimenter la course aux armements".

"Cela porte atteinte à l'équilibre stratégique et à la stabilité mondiale", a indiqué lors d'un point presse régulier Mao Ning, une porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères. "La Chine exprime de sérieuses inquiétudes à ce sujet. Nous exhortons les États-Unis à abandonner au plus vite le développement et le déploiement d'un système mondial de défense antimissile", a-t-elle souligné.

De son côté, la Russie a également estimé que ce Dôme d'or était une question relevant de la "souveraineté" américaine, mais que des contacts avec Moscou à ce sujet restaient "nécessaires", "dans l'intérêt de nos deux pays et dans l'intérêt de la sécurité mondiale". Début mai, Moscou avait jugé, de concert avec Pékin, que ce bouclier antimissile était "profondément déstabilisant" car il envisage "un renforcement des arsenaux pour mener des opérations militaires dans l'espace" et fait de l'espace "une arène de confrontation armée".