INFO EUROPE 1 - Attaque dans un lycée à Nantes : la piste idéologique entre le meurtrier et un mouvement écologique étudiée
Presque deux semaines après l’attaque meurtrière dans un lycée à Nantes, l’enquête se poursuit. Les enquêteurs s’intéressent au manifeste envoyé par Justin P., l’auteur de l’attaque, avant son passage à l’acte. Selon les informations d’Europe 1, les enquêteurs étudient la piste d’une proximité idéologique avec un nouveau mouvement en France : Anti-Tech Résistance (ATR).
Émotion et incompréhension. Dix jours après l’attaque au couteau meurtrière au lycée Notre-Dame de Toutes Aides à Nantes, élèves et personnels éducatifs sont encore sous le choc. Une jeune lycéenne a été mortellement poignardée et trois autres personnes ont été grièvement blessées.
L’auteur, Justin P., lycéen âgé de 16 ans, avait envoyé un manifeste juste avant son passage à l’acte. Selon les informations d’Europe 1, les policiers étudient la piste d’une proximité idéologique du jeune homme avec un mouvement naissant en France, entre écologie radicale, anti-système et complotisme.
ATR pour Anti-Tech Résistance
Fondé en 2022 en Bretagne, le mouvement nommé Anti-Tech Résistance (ATR) se présente comme ayant pour principal objectif "de mettre fin à la plus grande catastrophe sociale et écologique de l’histoire de notre planète : la révolution industrielle".
Aujourd’hui implantés à Metz, Paris, Nantes... Ses membres se rapprochent de la mouvance écologique radicale, certains entretiennent des liens proches avec d’autres militants du groupe Extinction Rébellion.
Ils se positionnent contre toute forme de modernité, parfois même jusqu’à épouser les thèses du survivalisme. Un signalement à la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires (Miviludes) a d’ailleurs été effectué en juin 2024.
Des thèses que l’on retrouve dans le manifeste envoyé par Justin P. avant son passage à l’acte, d’où ce rapprochement fait par les enquêteurs, même si pour le moment, aucun contact direct n’a pu être mis en évidence entre ce mouvement et le jeune homme.
Theodore Kascynski alias Unabomber
Ce mouvement ATR serait directement inspiré des États-Unis, et d’un homme en particulier : Theodore Kaczynski, aussi connu sous le pseudonyme d’Unabomber. Aujourd’hui décédé, cet "éco-terroriste" avait notamment tenté de tuer de nombreuses figures du monde technologique en piégeant des colis dans les années 1990 avant d’être finalement interpellé en 1996.
Son positionnement contre les dangers de l’industrialisation et d’une civilisation technologique aliénante fait aujourd’hui de lui une référence tant dans les sphères d’extrême gauche que dans celles d’extrême-droite. Des thèses donc reprises par le mouvement ATR et par Justin P. dans son manifeste, justifiant la piste d’une proximité idéologique entre le jeune homme et ce mouvement.
L’établissement scolaire, une cible choisie ?
Pour Kaczynski, le système détruit l’esprit, la capacité à réfléchir et les liens sociaux. Il pousse à la solitude. Les enquêteurs estiment que Justin P. aurait pu épouser ces thèses, lui-même ayant des problèmes de sociabilité. Sa mère l’avait d’ailleurs tenté de l’inscrire à six reprises à la Maison des adolescents de Nantes.
Toujours selon l’Américain, le conditionnement systémique passerait par l’éducation qui formate les enfants à obéir et à se conformer. Le passage à l’acte de Justin P. dans un établissement scolaire ne serait ainsi pas dû au hasard, selon la piste étudiée par les enquêteurs.
Pour ces derniers, l’envoi du manifeste quelques minutes avant l’attaque confirmerait la thèse d’une action meurtrière dans le cadre d’une violence théorisée.