Guerre en Ukraine : la Russie et l'Ukraine échangent des centaines de prisonniers

Les accords convenus lors des négociations à Istanbul entre la Russie et l'Ukraine ont débouché ce vendredi 23 mai sur la première étape d'un échange de prisonniers. Pour l'heure, 270 militaires et 120 civils ont été échangés. Une initiative que le président Donald Trump a félicitée chaudement.
La Russie et l'Ukraine ont entamé vendredi la première étape d'un échange record de prisonniers, impliquant à ce stade 270 militaires et 120 civils, qui avait été annoncé et salué peu auparavant par le président américain Donald Trump. Cet échange, qui doit au total impliquer "1.000 pour 1.000" prisonniers de guerre, avait été convenu lors des négociations directes entre Russes et Ukrainiens à Istanbul mi-mai.
C'était d'ailleurs le seul résultat tangible de cette rencontre, après plus de trois ans d'invasion russe de l'Ukraine. Les deux camps ont annoncé vendredi avoir échangé 390 personnes de chaque côté, "première phase de l'accord" selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky. Les étapes suivantes sont attendues samedi et dimanche.
"Il est très important de récupérer tous les prisonniers", a déclaré M. Zelensky. Côté russe, Moscou a annoncé avoir récupéré 270 de ses soldats 120 civils, dont "des habitants de la région de Koursk capturés par les forces armées ukrainiennes" lors de leur offensive à l'été 2024.
L'Ukraine a pour sa part récupéré le même nombre de militaires et de civils, dont des soldats de la marine, des forces aéroportées, des forces de défense territoriale, ainsi que de la garde nationale et des gardes-frontières, selon les autorités. L'échange de prisonniers et de corps de militaires tués au combat reste l'un des derniers domaines de coopération entre Kiev et Moscou, alors que la Russie occupe actuellement environ 20% du territoire ukrainien.
"Félicitations" de Trump
L'échange de vendredi avait été annoncé par Donald Trump, qui pousse les deux belligérants à négocier pour mettre fin le plus vite possible au "bain de sang". "Félicitations aux deux parties pour cette négociation. Cela pourrait conduire à quelque chose d'énorme ???", a écrit le président des Etats-Unis sur son réseau Truth Social.
Après plus de trois ans de combats, des milliers de prisonniers de guerre sont détenus dans les deux pays, même si leur nombre exact n'est pas connu. "Nous avons la confirmation que près de 10.000 personnes sont en captivité" aux mains des Russes, a indiqué en avril le commissaire ukrainien pour personnes portées disparues Artour Dobrosserdov.
La Russie donne très peu d'informations sur le sort de captifs ukrainiens et chaque échange réserve son lot de surprises, a déclaré à l'AFP un haut responsable ukrainien sous le couvert de l'anonymat. "Dans presque chaque échange il y a des gens dont personne ne savait rien", a-t-il déclaré. "Parfois, ils nous rendent des personnes qui figuraient sur les listes de personnes disparues ou qui étaient considérées comme mortes".
Ce genre d'échange représente un sujet particulièrement douloureux dans ces pays, des milliers de familles attendant dans l'angoisse des nouvelles de leurs proches disparus.
Nouvelles négociations ?
Kiev et Moscou s'accusent mutuellement de violer la Convention de Genève relative au traitement des prisonniers de guerre. La Russie ou les autorités mises en place dans les régions ukrainiennes qu'elle occupe organisent régulièrement des procès pour juger les prisonniers de guerre ukrainiens, ce qui va à l'encontre du droit international.
Des cas de torture sont régulièrement signalés et plusieurs captifs militaires ou civils sont morts en détention. Le parquet général ukrainien a ainsi accusé vendredi l'armée russe d'avoir exécuté environ 270 prisonniers de guerre depuis le début de son invasion en février 2022, assurant que cela résultait de "directives" en haut lieu.
L'ONG Amnesty International a de son côté dénoncé les "tortures systématiques et la privation de soins médicaux" de prisonniers ukrainiens en Russie dans un rapport publié en mars. Plusieurs ex-prisonniers de guerre ukrainiens ont indiqué à l'AFP avoir été torturés en captivité.
"Kiev étudie toutes les possibilités"
La Russie a récemment rendu le corps de la journaliste ukrainienne Viktoria Rochtchina, décédée en captivité. Selon une enquête journalistique, elle avait été torturée et certains de ses organes manquaient à son cadavre. Depuis les négociations à Istanbul, la possibilité d'une deuxième réunion fait l'objet d'intenses spéculations, même si sa tenue n'a pas été formellement confirmée.
Moscou a dit qu'une éventuelle poursuite des pourparlers avec Kiev ne pourrait se faire qu'après l'échange de prisonniers en cours. Selon le président ukrainien Volodymyr Zelensky, Kiev "étudie toutes les possibilités" concernant le lieu pour une nouvelle rencontre bilatérale avec les Russes, notamment "la Turquie, le Vatican, la Suisse".
La possibilité que les prochaines négociations se déroulent au Vatican a été évoquée par le pape Léon XIV, les Etats-Unis et l'Italie. Mais le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a semblé fermer la porte en jugeant vendredi qu'il ne serait "pas très élégant que des pays orthodoxes discutent en terre catholique" de leur conflit.