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Un groupuscule jihadiste peu connu revendique l’attentat contre une église à Damas

Europe 1 avec AFP . 3 min
Un groupuscule jihadiste peu connu revendique l’attentat contre une église à Damas
Un groupuscule jihadiste peu connu revendique l’attentat contre une église à Damas Antoni Lallican / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP / © Antoni Lallican / Hans Lucas / Hans Lucas via AFP

Ce mardi, un groupuscule extrémiste sunnite peu connu a revendiqué l’attentat suicide perpétré dimanche contre une église de Damas, que les autorités attribuent au groupe jihadiste Etat islamique (EI). L’attaque a fait 25 morts et des dizaines de blessés, semant la terreur au sein de la communauté chrétienne de Syrie.

Un groupuscule extrémiste sunnite peu connu a revendiqué mardi l’attentat suicide perpétré dimanche contre une église de Damas, que les autorités attribuent au groupe jihadiste Etat islamique (EI). L’attaque a fait 25 morts et des dizaines de blessés, semant la terreur au sein de la communauté chrétienne de Syrie, qui a enterré mardi plusieurs des victimes. Dans un communiqué sur Telegram, le groupuscule Saraya Ansar al-Sunna a affirmé qu’un de ses membres avait "fait exploser l’église Saint-Elie dans le quartier de Dwelaa à Damas", après "une provocation", sans plus de détails.

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Les autorités islamistes arrivées au pouvoir après la chute du président Bachar al-Assad en décembre ont rapidement imputé l’attaque à l’EI et annoncé lundi plusieurs arrestations dans le cadre d’une opération contre des cellules affiliées au groupe. Mais dans sa déclaration, Saraya Ansar al-Sunna a qualifié la version des autorités de "fausse" et menacé de mener d'autres attaques.

"Affiliée" à l'EI

En mars, une altercation avait éclaté après que des habitants ont protesté contre la diffusion de chants islamiques via les haut-parleurs d’une voiture devant l’église Saint-Elie. L’attentat de dimanche survient après des violences confessionnelles, marquées notamment par des massacres de membres de la minorité musulmane alaouite, dont est issu Bachar al-Assad, et des affrontements avec des combattants druzes. 

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Le porte-parole du ministère de l'Intérieur, Noureddine al-Baba, a affirmé que la cellule à l’origine de l’attentat "est officiellement affiliée à l'EI", et que "Saraya Ansar al-Sunna n’est pas un groupe indépendant, mais dépendant de l'EI". Il a ajouté, lors d'une conférence de presse à Damas, que l’auteur de l’attentat n’était pas syrien, précisant qu’il était venu avec un second kamikaze depuis le camp d’al-Hol, qui héberge des combattants de l’EI et leurs proches., dans le nord-est de la Syrie.

 

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L'attaque ravive les inquiétudes quant à la capacité du pouvoir, dominé par le groupe islamiste Hayat Tahrir al-Cham (HTS) qui a renversé Bachar al-Assad, à contrôler les combattants radicaux. HTS, autrefois affilié à Al-Qaïda, a rompu ses liens avec la nébuleuse jihadiste en 2016. Aymenn Jawad al-Tamimi, chercheur et analyste basé en Syrie, estime que Saraya Ansar al-Sunna pourrait être "une scission pro-EI issue principalement de déserteurs de HTS… et d’autres factions, mais qui opère actuellement de manière indépendante de l’EI".

Il n’exclut pas non plus qu’il puisse s'agir "simplement d’un groupe écran de l’EI". Selon une source interne au groupe citée par Aymenn Jawad al-Tamimi, Saraya serait dirigé par un ancien cadre de HTS désabusé, et compterait parmi ses chefs un ex-membre de Hurras al-Din, branche syrienne d’Al-Qaïda, qui a annoncé sa dissolution en janvier sur ordre du nouveau gouvernement.

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L’OSDH indique que Saraya Ansar al-Sunna avait déjà menacé de s’en prendre aux alaouites, et mené une attaque contre cette minorité dans la province de Hama plus tôt cette année. Le groupe est accusé d’avoir participé à des massacres en mars, qui auraient fait quelque 1.700 morts selon l’Observatoire, en majorité des civils alaouites.

"Cela ne suffit pas"

Lors des funérailles de neuf des victimes, organisées dans l'église de la Sainte-Croix à Damas, le patriarche grec-orthodoxe d’Antioche et de tout l’Orient, Youhanna X, a fustigé un "massacre inacceptable" et critiqué les autorités, les appelant à "assumer leurs responsabilités".

"Le crime odieux qui s’est produit à l’église Saint-Elie est le premier massacre en Syrie depuis les événements de 1860", a-t-il déclaré, en référence aux massacres de chrétiens à Damas sous l’Empire ottoman. "Nous n’acceptons pas que cela se produise à l’époque de la révolution, et sous votre autorité", a-t-il ajouté en s’adressant au président Ahmad al-Chareh. "Hier, vous avez présenté vos condoléances par téléphone au vicaire patriarcal. Cela ne suffit pas."

Neuf cercueils blancs ont été portés jusqu’à l’église aux sons mêlés des youyous et des pleurs, devant un millier de fidèles, sous haute sécurité. Les routes menant au lieu de culte étaient bloquées et les abords étroitement surveillés. “Le christianisme est une composante solide et enracinée de cette terre, les extrémistes ne sont que des éléments marginaux. Ils n’ont leur place ni aujourd’hui, ni demain”, a déclaré à l’AFP Rajeh Rizkallah, enseignant de 50 ans.