La Fédération des Musulmans de France réagit au rapport des services de renseignements

La réponse de la fédération des Musulmans de France suite au rapport sur l'entrisme et les réseaux d'influence des Frères musulmans ne s'est pas fait attendre. Alors qu'est examiné ce mercredi 21 mai en conseil de défense le rapport, l'organisation, elle, dénonce des accusations infondées et met en garde contre des amalgames dangereux.
La Fédération des Musulmans de France, présentée dans un rapport examiné mercredi en Conseil de défense comme "la branche nationale des Frères musulmans en France", a dénoncé des "accusations infondées" et mis en garde contre des "amalgames dangereux" entre islam et radicalité.
Le rapport consacré aux Frères musulmans commandé par le gouvernement pointe une "menace pour la cohésion nationale" avec le développement d'un islamisme "par le bas", au niveau des associations et municipalités. Il a été examiné mercredi matin lors d'un Conseil de défense et de sécurité nationale présidé par Emmanuel Macron.
"Musulmans de France (MF) prend acte avec une profonde surprise et une grande préoccupation" des éléments contenus dans ce rapport, réagit dans un communiqué la Fédération qui a succédé en 2017 à l'Union des organisations islamiques de France (UOIF).
"Nous rejetons fermement toute allégation qui tenterait de nous associer à un projet politique étranger"
Le document "désigne indirectement - mais sans ambiguïté - notre fédération comme une organisation affiliée ou représentative de la mouvance des Frères musulmans en France", ajoute dans un communiqué MF qui précise avoir "fourni toutes les informations demandées".
"Nous rejetons fermement toute allégation qui tenterait de nous associer à un projet politique étranger, ou à une stratégie d'entrisme. Cette lecture idéologique ne reflète ni notre réalité institutionnelle ni notre action de terrain." La fédération rappelle avoir "signé la Charte des principes pour l'islam de France le 18 janvier 2021 à l'Élysée (...) réaffirmant son attachement aux valeurs de la République".
"Les amalgames, même involontaires, entre islam, islamisme politique et radicalité sont non seulement dangereux, mais contre-productifs pour la République elle-même", écrit Musulmans de France. "Derrière ces accusations infondées, c'est une stigmatisation de l'islam et des musulmans qui se dessine".
"La lutte contre l'extrémisme est au cœur de nos priorités"
Le Conseil français du culte musulman (CFCM), ex-instance de représentation de l'islam tombée en disgrâce en 2021, a lui aussi exprimé sa "profonde inquiétude face aux possibles dérives et instrumentalisations. La lutte contre l'extrémisme se réclamant de l'islam, qui nuit profondément à la vie des musulmans de France comme à celle de l'ensemble de nos concitoyens, est au cœur de nos priorités", ajoute le CFCM dans un communiqué.
Mais "l'absence de définitions claires des concepts" utilisés dans le rapport "entretient une confusion préjudiciable" et "de nombreux citoyens musulmans ont aujourd'hui le sentiment de ne plus être à l'abri d'une suspicion permanente", ajoute le communiqué.
Le blogueur musulman Al Kanz a dénoncé sur X une "saillie complotiste" qui "met en danger non seulement les musulmans ostensibles mais tous ceux qui peuvent y être assimilés". Avant même la publication officielle du rapport, le parti Renaissance de Gabriel Attal avait dit mardi souhaiter interdire le voile dans l'espace public pour les mineures de moins de quinze ans.
L'ex-Premier ministre "fait une fois de plus de la stigmatisation des musulman·e·s un axe central de sa stratégie politique", a affirmé sur X le CCIE (Collectif contre l'islamophobie en Europe). "Embouteillage de candidats islamophobes à la présidentielle 2027", a raillé pour sa part l'Union des démocrates musulmans français (UDMF).