Booking.com : la Suisse contraint la plate-forme d'abaisser ses commissions après des abus sur les prix

Face à la constatation d'abus, l'autorité helvétique de surveillance des prix a ordonné à Booking.com de réduire de près d'un quart ses commissions facturées aux hôteliers suisses. Cette décision a été contesté par la plateforme d'hébergement qui compte saisir le tribunal administratif fédéral dans les plus brefs délais.
La plateforme de réservation en ligne Booking.com s'est vue ordonner de réduire de près d'un quart ses commissions facturées aux hôteliers suisses par l'autorité helvétique de surveillance des prix qui constate des abus, ce que conteste l'entreprise.
Booking.com compte saisir le tribunal administratif fédéral, a indiqué la plateforme dans un communiqué transmis à l'AFP, précisant qu'aucun ajustement "ne sera effectué" tant que la procédure "n'aura pas abouti".
Dans un communiqué publié mercredi, l'autorité de surveillance des prix en Suisse a dit avoir conclu au terme d'une analyse que "les taux de commission appliqués par l'entreprise sur les hôtels suisses étaient abusivement élevés".
Elle a expliqué avoir contacté Booking.com pour trouver une solution amiable. "Mais malgré des négociations intensives, la démarche n'a pas abouti", a précisé l'autorité de surveillance des prix.
Elle lui a donc ordonné "d'abaisser en moyenne de près d'un quart ses commissions" dans un délai de trois mois à compter de l'entrée en vigueur de cette décision. Conformément au droit suisse, cette décision est limitée dans le temps, et doit s'appliquer pour une durée de trois ans.
Cette mesure doit permettre de "renforcer la compétitivité des hôtels suisses dans un contexte de concurrence intense à l'échelle internationale tout en allégeant indirectement la charge financière supportée par la clientèle de la plateforme", ajoute l'autorité de surveillance des prix.
Débat sur le marché des réservations
HotellerieSuisse, l'organisation patronale du secteur, a salué cette décision. Elle y voit "un signal fort non seulement pour les établissements d’hébergement suisses, mais aussi une impulsion potentielle pour un débat européen plus large sur des conditions-cadres équitables sur le marché des réservations en ligne", a-t-elle réagi dans un communiqué.
Cette organisation patronale compte maintenant examiner "si et dans quelle mesure" les commissions peuvent être réclamées ou compensées rétroactivement.
La plateforme américaine, dont le siège social se trouve à Norwalk, dans le Connecticut, compte pour sa part contester cette décision, expliquant que les hôteliers "disposent de multiples moyens pour promouvoir leurs hébergements" et que "le choix de se référencer sur notre plateforme leur appartient entièrement".
Elle n'est donc "pas d'accord avec l'idée de réduire de manière forcée le coût d'un service qui est entièrement facultatif", a-t-elle indiqué dans son communiqué.
Les conditions imposées aux hôteliers ont déjà fait l'objet de débats en Suisse.
En 2022, le gouvernement suisse avait interdit différentes clauses dans les contrats, notamment sur les prix, suite à un vote du Parlement qui avait fait valoir que, compte tenu de leur position dominante sur le marché, les grandes plateformes internationales sont en mesure d'imposer leurs conditions aux établissements de petite taille ou de taille moyenne.