Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
150 euros d'amende pour avoir transporté une plante dans le métro. Mésaventure coûteuse et assez rageante pour une usagère des transports en commun parisiens et qui interroge sur le sens des priorités à la RATP.
C'est le Parisien qui relaie l'affaire, que la jeune femme interloquée a racontée sur son compte X. Samedi, alors qu'elle rentrait chez elle, elle a été contrôlée dans un couloir de métro. Abonnement en règle. Mais les contrôleurs ont tiqué sur la plante qu'elle tenait dans les bras. Une belle plante, qu'elle venait d'acheter. Type bananier, mais vraiment pas immense. Et qui lui a valu une prune. 150 euros ! La plante a été considérée comme "un objet incommodant ou dangereux dans une rame", dit la contravention. La jeune femme s'étrangle. Elle n'était pas dans une rame, même pas sur un quai. Elle aurait volontiers fait demi-tour si on le lui avait demandé.
C'est interdit de transporter une plante dans le métro ?
On peut penser que les contrôleurs ont fait un excès de zèle. Le règlement de la RATP dit que les bagages volumineux sont interdits, mais que sont autorisés " paquets et sacs qu'on peut porter, dès lors que cela ne gène pas les voyageurs." Photo du Parisien à l'appui, c'est le cas. La plante n'est pas menaçante. Mais trop tard ! L'amende est payée, la jeune femme ne peut pas la contester. " Ca me coute plus cher que la plante et plus cher que si j'avais fraudé", résume-t-elle. Oui, voyager sans ticket, ça coûte 50 euros. Cerise sur le cyclamen, les contrôleurs lui ont conseillé de "choisir un autre mode de transports" la prochaine fois. Quoi ? Une voiture ?
Cette histoire vous a beaucoup agacée
C'est souvent que les histoires que je raconte ici m'agacent, vous l'avez remarqué. Alors, c'est vrai que la loi, c'est la loi, que le métro n'est pas un camion de déménagement. Mais vraiment, allez voir les photos et jugez par vous-même. Pour moi, cette affaire est un symbole. Le symbole d'une société qui choisit ses cibles quand il s'agit de sévir, et qui se concentre sur les plus faciles. Qui s'en prend à une jeune femme en règle avec un petit bananier dans les bras, alors qu'elle laisse des rangées de toxicomanes du crack insulter les voyageurs dans les stations du nord de la capitale. Franchement, les ressources de contrôle de la RATP pourraient être infiniment mieux utilisées qu'à traquer les convoyeurs de ficus et les trafiquants de géraniums.
D'autant que la RATP a un énorme problème de fraude.
La RATP et les transports d'Île-de-France. 8% des voyageurs sont sans billet. c'est même 26% dans les trams opérés par la RATP. Ce sont les chiffres d'Île-de-France mobilités.
Cette fraude dans les transports en commun coûte 700 millions d'euros chaque année à la collectivité. Le coût de 1500 bus. Cela renchérit l'abonnement Navigo de 23 euros par mois. Je ne sais pas si on se rend bien compte. Plus de 150 euros par an et par voyageur. Et jusqu'ici, personne n'a réussi à endiguer ce fléau qui nuit à tous les passagers honnêtes. Alors, je veux bien qu'on traque impitoyablement les gros bonnets du trafic de bégonias, les criminels de l'hortensia de jardinière, mais ce n'est peut être pas la priorité. C'est la plante qui cache la forêt de la fraude ! Cela laisse le sentiment détestable à ceux qui respectent les règles, ou qui sont de bonne foi, qu'ils sont toujours bons à payer et à se taire, comme des plantes vertes.