Sans député à l'Assemblée, les écologistes n'existent plus, mais la classe politique a pris conscience de l'importance des dossiers écologiques.
Le regard d'Yves Thréard. Bonjour Yves. Les écologistes sont morts, vive l’écologie.
Sans candidat à la présidentielle pour la première fois depuis 1974, les écologistes ont été laminés aux législatives et ne comptent plus un seul député. Les sénatoriales de septembre pourraient aussi leur être très cruelles. Et pourtant, jamais en France, l’écologie n’a été représentée à des postes aussi prestigieux. Avec François de Rugy, écologiste passé au macronisme, qui préside désormais l’Assemblée nationale. Avec Nicolas Hulot, écologiste convaincu de la première heure, qui depuis un mois tient le rang de ministre d’Etat, ministre de l’Ecologie. Et, pourtant, jamais, non plus - sauf quand Jacques Chirac a lancé la "maison brûle" en parlant de la planète à Johannesburg en 2002 -, la France ne s’est fait entendre aussi loin dans le monde sur ce terrain. La réplique cinglante de Macron à la sortie des Etats-Unis de l’accord de Paris sur le climat restera dans toutes les mémoires : "Make our planet great again".
Oui, les écologistes sont morts, mais pas l’écologie.
Est-ce à dire que la défense de l’environnement est désormais une cause reprise par tous les partis ?
On ne peut pas dire que l’écologie ait été l’un des thèmes majeurs de la campagne électorale. Pas plus chez Macron que chez Fillon. Beaucoup plus à gauche, où elle a même été un axe majeur de Mélenchon et de Hamon.
Mais chacun sent bien que tous les dossiers à caractère écologique sont explosifs et qu’ils peuvent fracturer la société française : le sort de l’aéroport de Notre Dame-des-Landes, l’avenir du nucléaire avec en premier lieu la fermeture de Fessenheim et l’ouverture de l’EPR de Flamanville, sans parler des perturbateurs endocriniens. Le premier couac du gouvernement a d’ailleurs porté sur les pesticides dans l’agriculture, et l’empressement avec lequel Edouard Philippe a décontaminé le différend entre ses deux ministres montre que tous ces dossiers sont inflammables. Aucun politique ni aucune formation ne peut s’exonérer de les traiter ou d’avoir un avis. Mais la matière est dangereuse.
Macron est-il un écologiste pragmatique ?
Les Verts sont morts de leurs guéguerres politiciennes intestines et pour avoir été souvent des apôtres de la décroissance. Macron ? On verra s’il peut, selon sa formule consacrée, être en même temps un chantre de la liberté d’entreprendre et de la préservation de l’environnement. L’équation n’est pas simple. Souvenez-vous de Sarkozy.